Un phénix nommé Mimi

Aminata Touré c’est l’histoire de l’éternelle revenante. Depuis l’avènement de Macky Sall, l’ancienne Première ministre enchaîne les traversées du désert et les retours en grâce. Cette fois-ci, elle est engagée dans un défi à quitte ou double. 
 
Dans la mythologie égyptienne, le phénix est un animal fabuleux qui renaît toujours de ses cendres. Tel est Aminata Touré. L’ancienne Première ministre refait toujours surface après les coups durs. En 2014, après sa défaite aux élections locales face à Khalifa Sall, Mimi a été contrainte de quitter son poste à la Primature. S’en est suivie une petite traversée du désert qui s’est achevée en 2019 avec sa nomination à la Présidence du Conseil Économique, Social et Environnemental.  
 
Ce retour en grâce est, toutefois,  de courte durée. En novembre 2020, lors d’un remaniement ministériel, elle est sacrifiée au profit d’Idrissa Seck, prise de guerre spectaculaire de Macky Sall.  L’intéressée prend mal ce camouflet, critiquant son mentor et refusant même, à l’occasion, de citer son nom. Dans un entretien accordé à Jeune  Afrique le 26 décembre 2020, elle donne son opinion tranchée sur la question du troisième, sujet interdit dans la majorité : ”Macky Sall a assuré à plusieurs reprises qu’il ne briguerait pas un troisième mandat, je n’ai fait que le rappeler. Les dispositions adoptées en 2016 sont d’ailleurs claires sur ce point, il suffit de relire l’article 27 de la Constitution : « Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs. » “. 
 
Mais à croire qu’entre Macky Sall et son ancienne Directrice de campagne, les tensions ne durent jamais longtemps. Le chef de l’État semble s’est fait à l’idée que mieux vaut avoir cette forte tête dans son camp plutôt que de la laisser jouer un rôle d’électron libre. 
Voilà donc Mimi propulsée tête de liste nationale de la coalition Benno Bokk Yakar lors des prochaines législatives,, après des élections locales mitigées pour le camp présidentiel.
Le perchoir ou la Primature ?
 
Si cette nomination est riche en perspective pour l’ancienne Envoyée spéciale du chef de l’État, elle comporte aussi quelques risques. En effet, en cas d’échec à obtenir une majorité confortable, Aminata Touré risque de voir ses ambitions personnelles contrariées. Et Mimi fourmille d’ambitions, elle qui déclarait : “En politique, l’ambition n’est pas un délit, au contraire. Dans un système politique concurrentiel, on ne reste pas assis à regarder passer les trains. Un politicien sans ambition, c’est un politicien qui ne vous dit pas la vérité. Bien sûr, encore faut-il que cette ambition ne soit pas dévorante et ne vous conduise pas à la déloyauté”. 
 
Par contre, un succès éclatant de BBY pourrait lui ouvrir la porte de fonctions prestigieuses. C’est un secret de polichinelle que Moustapha Niasse passe ses derniers mois  à la tête de l’Assemblée nationale. Mimi pourrait prendre sa succession sur le perchoir devenant ainsi la première femme à occuper la fonction. 
 
Un come-back à le Primature, également, n’est pas à exclure, vu que Macky Sall a affiché sa volonté de restaurer la poste de Premier ministre à l’issue des législatives.