Alors que l’essentiel des voix qui se sont jusque-là exprimées a salué la suppression de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI), le député Thierno Alassane Sall et le porte-parole du parti Awalé s’inscrivent en porte-à-faux. Ils dénoncent une dissolution en catimini sans débat au préalable.
« La CREI et tous les instruments qui luttent contre les enrichissements illicites sont des questions tellement complexes et plaignantes dans notre société qui nécessitent un débat large et une concertation avec toutes les parties concernées pour en découdre », dit Thierno Alassane Sall de la République des valeurs sur iRadio.
Le parlementaire concède que la juridiction est certes controversée et perfectible. Cependant, elle reste la seule arme efficace pour réprimer l’enrichissement illicite dans le pays. « On reprochait à la CREI l’absence d’une double juridiction, notamment la possibilité de faire appel. Mais ce qu’on appelait le renversement de charge de la preuve, je pense que c’est une critique un peu exagérée, car à la base de la création de la Cour de répression de l’enrichissement illicite, c’était le constat que la corruption est le fondement de l’enrichissement illicite difficile à traquer », rappelle le député.
Par conséquent, aux yeux de Thierno Alassane Sall, toute cette procédure n’était pas nécessaire. « En introduisant par exemple la double juridiction, c’est-à-dire la possibilité de faire appel, c’est casser le thermomètre, parce qu’on n’a pas voulu l’utiliser », analyse-t-il.
Autre argument et non des moindres contre la suppression de la CREI, c’est le timing, souligne le leader de la République des valeurs. Un avis partagé par le porte-parole du parti Awalé d’ Abdourahmane Diouf.
En effet, pour Ibra Gning, le moment choisi est pour le moins inopportun. « Je pense que supprimer la CREI, c’est protéger certaines personnes qui ont déjà les mains liées. Mais, questionne Ibra Gning, pourquoi attendre ce moment, la fin de règne pour parler de sa suppression ? ».
Réactivée en 2012 dans la campagne de répression des biens mal acquis, la CREI était jusque-là en léthargie. En onze ans, elle n’aura siégé qu’à deux reprises pour condamner Karim Wade et Tahirou Ndiaye, ancien directeur du Cadastre.