«Trois approches peuvent expliquer la rareté des ressources halieutiques au Sénégal. La première approche, c’est la mal gouvernance des pêcheries au Sénégal. La deuxième, il y a une articulation impossible et invivable de l’approche recherche, pétrole et la pêche. Le troisième élément, c’est un manque de transparence dans le secteur».
Selon Sud Quotidien, ce diagnostic a été fait par Mamadou Diop Thioune, secrétaire général de l’Union nationale des Gie mareyeurs, par ailleurs coordonnateur du Comité national du dialogue social pêche-aquaculture. Dans la première approche, il relève qu’on ne peut pas avoir un code de la pêche non articulé à la dimension de gestion environnementale équitable et qu’on puisse faire une bonne pêche, c’est-à-dire faire des conventions et un code de la pêche sans application des règlementations.
«Tout le monde pêche où il veut, comme il veut et quand il veut. Tous les interdits sont maintenant constatés dans la pêche. Même l’usage des engins. Ils disent que le mono filament est interdit. Mais on se rend compte qu’il n’est pas interdit dans le code commercial. Combien de pécheurs sommes-nous aujourd’hui et combien d’unités et d’entreprises flottantes sont en action? Aujourd’hui, on constate qu’à défaut d’emploi, tout le monde est pécheur. On doit identifier le marin pêcheur, le pêcheur et l’ouvrier de la pêche», a-t-il fustigé.
Mamadou Diop Thioune renseigne que les pêcheurs au filet qui ont des connaissances empiriques associées aux connaissances classiques se sont donné la peine d’identifier les zones de pêche. «Dans quelle zone d’aménagement sommes-nous sur les 718 Km de côtes de Saint Louis à Kafountine ? Au niveau des pieds dans l’eau zéro base, jusque dans les 6 mille milles autorisés à la pêche artisanale, quelle est la réglementation qui aujourd’hui justifie une bonne gouvernance ? Parce qu’il y a des conflits de présence avec les navires qui sont dans les zones interdites de la zone exclusive économique dont la destination était à partir des 12 mille milles. Mais c’est la recherche de la ressource qui fait qu’aujourd’hui les conflits sont là», soutient-il.
Il ajoute que le secteur de la pêche souffre aujourd’hui du manque de données scientifiques soulignant que la recherche n’a jamais été financée dans ce domaine. «Comment on peut prétendre à un développement dans le secteur de la pêche sans penser à la recherche ? La recherche n’a jamais été financée. Elle est en train de se chercher dans une appartenance institutionnelle. Est-ce que c’est au ministère de l’Agriculture où il y a le Centre de recherches océanographiques Dakar Thiaroye (CRODT) ou c’est le ministère de la Pêche. Dans aucun des budgets de ces deux ministères, on ne trouve une prise en charge réelle de la recherche. Donc depuis 5 ans, il n’y a pas eu de recherche», se désole-t-il.
Et de poursuivre : «Ce qui est plus grave, c’est quand nous avons des conventions de pêche. On exige l’avis scientifique du stock exploité. Quand il n’y a pas d’excédent, on n’autorise pas un accord. C’est une exigence de la convention des Nations Unies sur le droit de la mer. Il y a une mauvaise gestion des ressources, inexpliquée et inexplicable. Au-dessus de tout cela, il y a la corruption».