« Ousmane Sonko-Macky Sall : L’Etat de droit en péril ! »
Le sentiment d’impunité qui anime Ousmane Sonko doit mettre le peuple sénégalais en entier en état d’alerte. Sa déclaration invitant insidieusement les manifestants à violer les domiciles des caciques du régime aux prochaines manifestations pour y débusquer des milliards prétendument planqués est un précédent dangereux, pourtant passé sans tambour ni trompettes.
Il n’en a été nullement inquiété !
Par ce fait, retenons qu’Ousmane Sonko vient d’intégrer la liste des citoyens intouchables au-dessus des lois et règlements de ce pays, à propos desquels le président Macky Sall avait déclaré un certain soir de 31 décembre que leur traduction devant nos juridictions, pour quelque délit que ce soit, pouvait engendrer un cataclysme social dont le pays ne se relèverait pas.
Voilà où nous mène la discrimination devant la Loi pourtant censée être la même pour tout le monde et s’appliquer avec toute la rigueur requise à tout contrevenant : à ceux dont l’impunité est consacrée par le régime lui-même, s’ajoute désormais ceux dont l’impunité serait assurée par le peuple sénégalais qui leur sert de bouclier.
Dans un pays où la démocratie dépasse le caractère républicain d’une compétition saine autour de projets de société pour basculer dans un rapport de forces qui en déterminera le sort, le débat d’idées cède la place à des combats personnels. Cet inexorable délitement a conduit des pays vers une implosion sociale qui les a fait basculer dans une guerre civile dont ils ne sont pas relevés jusqu’à présent.
Nous n’en sommes pas loin. Tous les hauts responsables de l’Etat visés par la déclaration d’Ousmane Sonko qui les a cyniquement jetés en pâture à l’opinion sont désormais en danger. L’Etat a la responsabilité d’assurer leur sécurité ainsi que celle de leurs biens.
En ce sens, le premier acte qu’aurait dû poser l’Etat est de prendre des mesures conservatoires contre Ousmane Sonko, dont les propos à mon sens sont plus dangereux et lourds de conséquences que les dérapages impardonnables de Modou Mbacké Bara Doli.
Devant le silence des autorités sans doute considéré comme une fuite en avant par le Pastéfien en chef, ne soyons donc pas étonnés qu’il verse dans la surenchère verbale. Sa déclaration appelant à une nouvelle manifestation n’est ni plus ni moins qu’un appel à l’insurrection adressé à ses militants et sympathisants, après qu’il a pris le soin de leur désigner désormais les nouvelles cibles en cas de débordements, la première attaque ayant porté sur les intérêts français au mois de mars dernier.
C’est qu’Ousmane Sonko qui a décidé de personnaliser son engagement politique pour le réduire désormais à un duel contre le Président Macky Sall n’a aucun respect pour le peuple sénégalais. Il n’a de considération qu’envers ceux qui partagent son combat et sont prêts à le suivre jusqu’au bout dans sa détermination à régner sur un Sénégal de ruine s’il le faut, pourvu qu’il accède au pouvoir.
Que les citoyens sénégalais ainsi que que la grande majorité du peuple sénégalais qui ne partagent pas sa vision se préparent en conséquence.
A force de jouer avec Loi en domestiquant la Justice, le régime en place a fini par l’affaiblir au point de sembler ne plus être en mesure de garantir la sécurité des populations, d’ailleurs de plus en plus déterminée à se faire justice elle-même.
L’Etat de droit est en péril au Sénégal, et nul n’est à l’abri des turpitudes de nos soi-disant élites politiques.
C’est le moment où jamais pour le Pouvoir judiciaire de démontrer son indépendance en prenant ses responsabilités.
* Par Cissé Kane NDAO
Président A.DE.R