Nouveau régime : les intérêts de la France menacés ?

Le président de la France, Emmanuel Macron, a émis un appel téléphonique au nouveau président Bassirou Diomaye Faye. Un entretien qui a duré une bonne demi-heure et qui tournait essentiellement autour de la volonté de poursuivre et d’intensifier le partenariat entre le Sénégal et la France. Après sa belle victoire suite à l’élection présidentielle qui était précédée durant plusieurs semaines d’une crise politique déclenchée par le report de l’élection avec tout ce qui s’en suit, la France salue aujourd’hui « un scrutin vanté comme un exemple de vitalité démocratique, dans une région où, depuis trois ans, les coups d’Etat se succèdent notamment au Mali, au Burkina Faso, en Guinée, au Niger. 

Dans plusieurs de ses sorties, Ousmane Sonko et le Pastef ont toujours opté pour un rééquilibrage dans le partenariat avec les puissances européennes. Dans un article du journal « Le Monde » parcouru par Dakaractu, il est défini que « Paris veut conserver avec Dakar des relations apaisées ». Mais le programme se définissant comme souverainiste, porté par Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko, « n’est pas un mystère. » C’est selon eux, une question de respect et de bon sens et de respect mutuel entre pays partenaires sur le partage de ressources. Au regard des dernières nouvelles liées notamment aux violentes manifestations au Sénégal, « la France se voyait alors accusée de soutenir la répression ». « Si un jour, le Pastef arrive au pouvoir, nous devrons faire nos valises », confiait un diplomate français inquiet, selon « Le Monde ». 

« Macky Sall a voulu faire d’un écureuil une hyène, en nous faisant passer pour un groupe d’extrémistes religieux, mais ce fantasme s’est écroulé, argue un conseiller de Bassirou Diomaye Faye repris par Le Monde. Nous avons expliqué à Paris que nous souhaitions que nos ressources naturelles et humaines nous profitent en priorité. Notre vision souverainiste n’a rien d’extrémiste. » À l’approche du scrutin de 2024, plusieurs candidats de l’opposition avaient par ailleurs été reçus à l’ambassade de France à Dakar, dont le président du groupe parlementaire du Pastef. Opposé au franc CFA dans sa version actuelle, le nouveau chef d’État, Bassirou Diomaye Faye, plaide pour une réforme de la monnaie commune ouest-africaine héritée de la colonisation. Un point sur lequel la France, premier investisseur et deuxième partenaire commercial, se dit sereine. « Nous sommes plus ouverts que jamais à cette idée. C’est ce que le président (Macron) veut mener depuis des années. Si d’autres points sont à réformer, nous serons réceptifs », assure une source diplomatique française.

Sur l’aspect sécuritaire, le Pastef ne réclame plus le départ des troupes françaises – soit 350 soldats toujours présents à Dakar, comme il l’avait exigé par le passé. Bassirou Diomaye Faye n’a toutefois pas exclu d’étendre la coopération sécuritaire à de nouveaux partenaires, la Russie notamment. « Le Sénégal restera le pays ami et l’allié sûr et fiable de tout partenaire qui s’engagera avec nous dans une coopération vertueuse, respectueuse et mutuellement productive», a déclaré le nouveau président, lors de sa première prise de parole après l’élection. Cette promesse est dans la droite ligne d’une déclaration faite un an auparavant. « Nous ne sommes pas contre la France, mais pour le Sénégal. Ce que nous voulons, c’est un partenariat gagnant-gagnant, avait assuré au Monde Bassirou Diomaye Faye, alors secrétaire général du Pastef.

Une certaine méfiance, réciproque, persiste-telle alors entre Paris et Dakar? « Nous n’oublions pas que tout au long de sa présidence, malgré ses dérives, Macky Sall a été soutenu par la France. Même son report illégal de l’élection n’a été que timidement dénoncé, contrairement aux États-Unis », la France est dans l’attente d’une réaction des nouveaux dirigeants assoiffés de changement.