Dans un communiqué publié hier, la Fédération sénégalaise de basket-ball (Fsbb) a annoncé sa décision de se séparer de Boniface Ndong qui, jusque-là, était le sélectionneur des Lions. La Fsbb explique ses motivations par les mauvais résultats du sélectionneur national lors de la troisième fenêtre des éliminatoires du Mondial à Alexandrie, en Égypte. Des arguments rejetés par le désormais ex-coach des Lions.
Dans un communiqué publié aujourd’hui, Boniface Ndong fait un grand déballage des événements qui ont conduit aux contre-performances du Sénégal en Égypte. Telesenegal vous propose le communiqué en intégralité.
Moi, Boniface Ndong, aujourd’hui ex-sélectionneur de l’équipe nationale masculine du Sénégal de Basketball, j’ai décidé de faire ce communiqué pour apporter des éclaircissements sur les informations relatées dans la presse par des membres de la Fédération sénégalaise de basket-ball.
J’avais décidé de ne pas répondre, mais par respect pour les hommes et femmes qui avaient placé leur confiance en nous et pour leur estime; mais aussi vu les contre-vérités qui sont en train d’être diffusées, je me dois d’apporter des éclaircissements par rapport à notre gestion de l’équipe nationale et par rapport aux conditions dans lesquelles nous avons mené notre mission.
Conscient que tous les propos qui ont eu à être donnés n’ont eu pour but que de me dénigrer et de ternir ma réputation, et vu le silence de tous les membres de la délégation en particulier le directeur technique national Moustapha Gaye, le manager général Malèye Ndoye et mon assistant Mamadou Guèye “Pabi”, j’ai décidé de relater ce qui s’est passé durant cette campagne.
Après que le président Babacar Ndiaye m’a dit que le ministère des Sports ne pourrait payer que cinq jours de préparation, le vendredi 20 mai 2022, j’envoie un programme de préparation pour les fenêtres d’Alexandrie à Moustapha Gaye et Malèye Ndoye : convocation des joueurs le mardi 21 juin, entraînement le 22-23-24-25, repos le 26, entraînement le 27, rallier Alexandrie le 28 ou 29 dépendant de la durée du trajet. Comme d’habitude après plusieurs relances au sujet des billets d’avion pour moi et les joueurs, le 17 juin il m’envoie finalement mon billet d’avion avec les mauvaises dates: Je quitte Denver le 21 juin à 12 h heures locales pour arriver le 22 juin à Dakar à 12h:11 mn. Je suis sorti de l’aéroport vers 15h après plus de 21h de voyage alors que le premier entrainement était pour 18h:00. Quand je me suis plaint auprès de lui, il me dit qu’il n’y avait pas de vol le jour d’avant et qu’il avait fait des efforts importants pour payer 7.000.000 de FCFA pour mon billet. Je lui dis que si c’est vous qui payez mon billet pourquoi vous ne l’achetez pas avant pour économiser de l’argent ? Il n’a jamais répondu à ma question. Je suis venu avec un entraîneur de Denver pour m’aider dans la préparation des matchs avec l’autorisation de la fédération et il a eu le même billet que moi.
À Dakar Malèye me fait savoir qu’il a eu des échos que le groupe allait être divisé en deux pour rallier Alexandrie. Je lui dis que je ne voudrais pas que les joueurs soient séparés et c’est ainsi qu’on a effectué un trajet Dakar-Casablanca-Istanbul-Doha-Alexandrie.
Mon itinéraire initial était Dakar-Istanbul-Alexandrie. Arrivé à l’aéroport de Diass, je demande mon nouveau billet que je n’avais pas encore reçu à Malèye et me rends compte que nous avons une escale de 9 heures à Casablanca. Je leur demande s’ils avaient prévu de mettre les joueurs dans un hôtel; la réponse était NON. Après un appel téléphonique de Malèye et Tapha, le président donne son feu vert pour loger les joueurs durant l’escale. Mais avec cette décision tardive, trouver un hôtel à Casablanca fut très difficile.
Le grand problème se pose à Istanbul quand la compagnie aérienne Turkish Airlines refuse de nous laisser embarquer vers 1 h 30 du matin par défaut de visa (à rappeler que certains membres de la délégation sont arrivés à l’aéroport de Diass la veille vers 23H). Après plusieurs tractations en vain, nous sommes obligés de passer la nuit dans l’aéroport.
Le lendemain après une nuit horrible, je rencontre Gorgui qui dit qu’il va chercher un billet pour rentrer a Dakar, alors je convoque tous les joueurs et leur dis que je comprends leur frustration et que je serais de leur côté quel que soit le choix qu’ils allaient faire, mais j’aurais souhaité qu’ils prennent une décision unanime, car si l’équipe était divisée, je ne saurais avec quelle partie me ranger. Le groupe décide alors qu’il voulait rentrer à Dakar et certains sont allés chercher des billets pour rentrer. Au moment où certains fédéraux cherchaient à trouver une solution en calmant les joueurs, le directeur technique Moustapha Gaye comme à son habitude, commence à exploser en traitant les joueurs de suiveurs d’ordre de deux personnes allant jusqu’à dire que même Maurice Ndour (son ennemi juré qu’il voulait me faire renvoyer de la sélection sous menace de partir lui-même) n’a jamais fait ce que Gorgui venait de faire.
En ce moment, après la décision des joueurs, sauf Jean Jacques Boissy et Babacar Sané, de retourner à Dakar, Youssou Ndoye se retourne et dit à certains joueurs que j’ai dit que si j’avais cinq joueurs, j’allais partir a Alexandrie pour jouer. Malick Dime a eu l’intelligence de le dire à Gorgui qui lui dit que je n’étais pas un hypocrite ; alors Malick Dime m’appelle pour confronter Youssou qui nie les faits.
Après un appel téléphonique avec le président, lui-même va me supplier de convaincre les joueurs à partir pour sauver le Sénégal d’une sanction de la Fiba, mais aussi pour sauver la fédération, car si on rentrait à Dakar, soutien-t-il, ils seraient tous renvoyés, et je précise que ce sont là ses propres mots. Alors, là, j’appelle les joueurs pour leur dire que le président a raison sur une chose, bien que nous sommes tous frustrés, je ne veux pas que nous soyons la génération qui aurait empêché aux jeunes joueurs à venir d’avoir la chance de compatir dans les tournois internationaux. Je demande aux joueurs de prendre le vol et arrivée à Alexandrie, nous ferons une réunion pour faire état de toutes nos préoccupations et de toutes nos demandes que nous transmettrons à la fédération. Je leur avais aussi dit que les décisions prises lors de cette réunion seraient rendues publiques. Presque tout le monde accepte sauf Gorgui qui heureusement n’a pas pu trouver de vol pour retourner à Dakar.
Arrivé à Alexandrie, la réunion se tient comme prévu avec la présence de Malèye Ndoye. Donc cette réunion n’était pas un secret. Chaque joueur donne ses conditions pour revenir en équipe nationale. Durant les discussions, je prenais des notes sur mon ordinateur avec un écran géant pour que tout le monde puisse voir ce que je notais. À la fin de la réunion, tous les joueurs sans exception approuvent le document. Je décide ainsi que je vais l’imprimer, le faire signer et le remettre moi-même au président de la fédération et le rendre public. Mon assistant Pabi Guèye arrive le lendemain, je lui montre le document, il me dit qu’il n’était pas sûr ; alors je lui conseille de ne pas mettre son nom, car la fédération pourrait lui faire mal.
Le jour du dernier match contre le Kenya, Gorgui me dit que le président sait tout le contenu du document, je lui demande qu’est-ce qu’on en fait, il me dit de le signer et le lui remettre, qu’il allait le faire signer aux joueurs et le donner à Tapha Gaye. N’étant pas convaincu, j’appelle Youssou Ndoye. Dans ma chambre, en présence de mon assistant “Pabi” et lui demandent quoi faire avec le document. Il me dit dit qu’il ne va pas signer parce qu’il va quitter la sélection. Je lui demande pourquoi, il me dit qu’il pense que je ne l’aime pas. Alors on a eu une discussion franche et je lui ai expliqué pourquoi il ne jouait pas beaucoup.
Après ces deux situations, je décide que le document est mort et en fait part aux autres joueurs comme Malik Dime et Cheikh Bamba Diallo. Voici le document approuvé par tous les joueurs sans exception pendant la réunion. Il y avait d’ailleurs une demande de vol charter que j‘ai convaincu Gorgui d’éliminer, car connaissant le président, il allait l’utiliser contre eux.
Aussi, le président, par le biais d’Assane Badji, m’a remis l’argent de l’Afrobasket 2021 qu’il avait refusé de payer à Henry Pierria.
«Après 61 heures de route et 2 nuits passées dans les aéroports pour faire le trajet Dakar-Alexandrie (Égypte) et malgré les conditions très difficiles du voyage, nous avons décidé de continuer à Alexandrie et jouer le tournoi pour honorer une demande de la Fédération sénégalaise de basket et d’éviter que la Fiba ne sanctionne le Sénégal.
Durant plusieurs années, nous avons toujours eu des difficultés à rallier Dakar ou aller vers les autres pays où se tiennent les compétitions internationales. Tous ces problèmes répétitifs que nous vivons à chaque compétition, nous ont poussé à tenir une réunion pour en discuter et étaler nos conditions pour continuer à honorer de notre présence en équipe nationale et éviter que les générations qui nous suivent continuent de vivre les mêmes problèmes :
? Envoyer les billets d’avion des joueurs et du staff au moins 01 mois avant le début de chaque regroupement ou compétition
? Pas de billets d’avion avec plus de 02 escales, pas d’escales extrêmement longues et des billets approuvés par les joueurs où ils peuvent envoyer leur propre itinéraire
? Billets d’avion en classe business pour rallier Dakar pour chaque joueur
? Un préparateur physique pour chaque regroupement et tournoi
? Payer la prime de l’Afrobasket 2021 de 5000 euros de Henry Pierria
? Prime de participation de 1 million pour chaque fenêtre et l’Afrobasket
? Prime de qualification de 5 millions pour la coupe du monde
? Prime de qualification de 5 millions pour les Jeux olympiques
? Prime de match gagné de 1 million pour chaque compétition. »
Je suis revenu en sélection pour servir mon pays, parce que ça me fait très mal que le basket sénégalais ne fonctionne pas à cause de la médiocrité de nos dirigeants. J’ai fait cette campagne sans contrat, contre le conseil de mon agent et sans rémunération par amour pour mon pays. Je suis très déçu du directeur technique national Moustapha Gaye, Malèye Ndoye et Mamadou Guèye Pabi. Ils savent ce qui s’est passé à Istanbul et se taisent, Je ne veux plus de messages de soutien en privé. Ayez le courage de dire la vérité pour sauver les générations futures, le président est prêt à sacrifier tout le monde pour sauver sa peau. Il s’est précipité pour me renvoyer en pensant que j’allais publier ce document ; je ne l’aurais jamais fait sans l’aval de toute l’équipe.
Un des délégués, Pape Sombel Diop, Président de Nianing Basket Club et Président du district de Mbour, qui est un ami, que le président a essayé de convaincre plusieurs fois de voyager avec l’équipe, sûrement pour me faire plaisir, était de ce voyage et lui a dit que tout ce qu’on l’a raconté était des mensonges, car il était présent, mais au moment où il lui parlait l’article était déjà publié et Moustapha Gaye ne m’ayant pas joint parce que j’étais à l’entraînement, me laisse un message WhatsApp pour m’annoncer mon limogeage.
Mamadou Guèye que je soutiens depuis qu’il est avec moi alors qu’il n’a aucune qualification pour faire le travail d’un assistant. Le travail d’un assistant en sélection nationale est de faire les analyses de l’équipe rivale, faire une présentation pour l’entraîneur et pour les joueurs, mais pour commencer il faut un logiciel et depuis que j’ai pris fonction, j’ai proposé à la fédération d’acheter deux logiciels NAC Sport à 1 200 000 F CFA, en vain. Alors au moment où je passe des nuits à travailler pour préparer des « scouting » pour les joueurs, je ne peux pas lui confier un travail qui devrait être le tien. Réveillez-vous, nos entraîneurs des équipes nationaux, nos joueurs ont atteint un niveau de basket où ils méritent plus que nous et il faut arrêter de vous cacher sous votre médiocrité. Je comprends que les entraîneurs locaux manquent de moyens pour travailler, mais la même règle ne peut plus s’appliquer à la sélection nationale.
Je me rappelle toujours l’appel téléphonique de Porfirio me disant que ses assistants sénégalais ne savaient pas faire de « scouting » ; je lui réponds : je te l’avais dit.
Nous avons aujourd’hui Desagana Diop, Rémy Ndiaye au Miami Heat, Amadou Mbodj au Chicago Bulls, et sûrement d’autres personnes que je ne connais pas, tous des Sénégalais qui ont acquis des connaissances dans les analyses vidéo et études d’équipes rivales. Ils veulent aider, mais nous les barrons le chemin pour se cacher derrière notre médiocrité. Même le directeur technique Moustapha Gaye qui a participé à toutes les réunions de l’équipe, ne m’a jamais approché pour me demander ce que je faisais, comment je le faisais par peur de montrer qu’il ne s’y connait pas en programme vidéo, mais se fâche parce que je ne lui demande pas son avis pendant une mi-temps. Il me dit après le match contre l’Égypte que l’équipe s’est mal échauffée. Pourtant, la fédération préfère emmener cinq délégués fédéraux qui sont en vacances, logés et nourris avec prime au lieu d’un préparateur physique.
Je suis un patriote, j’aime mon pays à mort. J’ai beaucoup donné au Sénégal et je vais continuer à le faire. Je veux que le Sénégal soit le meilleur pays de basket en Afrique et nous en avons les capacités et le potentiel. Laissons à ceux qui s’y connaissent diriger notre basket et arrêtons de nous cacher derrière notre médiocrité.