La sévère mesure prise par le gouvernement du Sénégal pour anéantir la formation politique d’Ousmane Sonko en détention préventive pour plusieurs chefs d’inculpation dont l’appel à l’insurrection est «une menace sur la démocratie et l’État de droit». La Fédération internationale pour les droits humains (Fidh) va plus loin. Elle déclare, à travers un communiqué conjoint signé avec la Rencontre africaine des droits de l’Homme (Raddho) et la Ligue sénégalaise des droits de l’Homme (LSDH) que les droits fondamentaux sont en péril. «La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et ses organisations membres au Sénégal expriment leur profonde préoccupation suite à la dissolution du principal parti d’opposition, le PASTEF, par le Ministère de l’Intérieur du Sénégal à l’approche d’élections générales prévues au Sénégal en février 2024 », précise-t-elle. Voici l’intégralité du document !
Paris, Dakar, 2 août 2023. La démocratie sénégalaise est confrontée à un grave tournant. Le 31 juillet 2023, par un acte administratif, les autorités sénégalaises ont annoncé la dissolution du PASTEF, le parti politique de l’opposant et candidat déclaré à la prochaine élection présidentielle Ousmane SONKO. La raison invoquée : celui-ci aurait fréquemment appelé ses partisan?es à des mouvements insurrectionnels ayant entraîné des morts, plusieurs blessé?es et des actes de pillages et de destructions de biens publics.
La FIDH et ses organisations membres sénégalaises rappellent que la dissolution d’un parti politique est une mesure extrêmement grave, qui ne devrait être utilisée qu’en dernier recours et ce, conformément aux principes démocratiques et au respect des droits fondamentaux.
« Toute mesure restrictive prise à l’encontre d’un parti politique et à fortiori sa dissolution, doit l’être après que la matérialité des faits allégués ait été établie par une juridiction indépendante et impartiale dans le cadre d’une procédure juste et équitable. » a déclaré Alassane Seck, Président de la Ligue Sénégalaise des Droits de l’Homme.
«Le pluralisme politique est essentiel à la vie démocratique, en particulier à l’approche d’élections générales prévues au Sénégal en février 2024 »
« En vertu des article 19, 21 et 22 du pacte international relatif aux droits civils et politiques, la liberté d’association et d’expression sont des droits fondamentaux qui doivent être protégés en tout temps. Les partis politiques jouent un rôle essentiel dans la démocratie en permettant aux citoyens de participer au processus politique et de faire entendre leurs voix. En agissant ainsi, les autorités sénégalaise privent un partie importante des citoyens de leur liberté d’expression » selon Sadikh Niass Secrétaire Général de la RADDHO.
« Nous invitons urgemment toutes les parties prenantes à engager un dialogue ouvert et constructif afin de résoudre tout différend politique de manière pacifique et démocratique. Le gouvernement sénégalais doit s’engager à respecter et à protéger les droits fondamentaux, ainsi que le droit des partis politiques de fonctionner librement et à participer pleinement au débat politique. » a conclut Me Drissa Traoré, Secrétaire Général de la FIDH.
La FIDH et ses organisations membres s’engagent en faveur des actions de protection et de promotion des droits humains, de l’État de droit et de la démocratie et appellent à l’apaisement politique afin de favoriser un environnement propice à la tenue d’élections libres et transparentes.
Le pluralisme politique est essentiel à la vie démocratique, en particulier à l’approche d’élections générales prévues au Sénégal en février 2024. La dissolution du principal parti d’opposition dans ce contexte renforce le constat par les organisations membres de la FIDH d’une intensification de la répression contre les membres de l’opposition politique au Sénégal.