[Focus] Mariages Mixtes : La double vie des faux monogames…

Le mariage entre Katrin, Allemande, et Amadou, Sénégalais, a été scellé devant les amis et les parents du couple. Ils se sont dit oui, et se sont promis fidélité et soutien pour le reste de leurs jours. Le couple a signé pour la monogamie et la communauté des biens. Cette union fait partie de ce qu’on appelle les mariages mixtes. Très en vogue dans les cités balnéaires, ils se terminent souvent dans la déception, la tromperie et parfois l’escroquerie sentimentale. Seneweb fait un plongée dans la vie, la double vie des faux monogames engagés dans un ménage à deux, parfois à trois ou plus…
 
Quand la première épouse s’efface volontairement devant sa coépouse Toubab
 
Aux yeux de Katrin, Amadou est à son premier mariage. Ce dernier assure :  »Je suis monogame ». Les mariages mixtes, c’est-à-dire entre deux personnes de cultures, de religions différentes, font légions dans la zone balnéaire. Rien d’anormal jusqu’à présent mais, quand le marié prétend être célibataire, alors qu’il a déjà une épouse sénégalaise, cela attire la curiosité. En réalité, Amadou, père de trois enfants est à sa sixième année de mariage avec une femme sénégalaise. Donc, ce quadragénaire, en scellant son union avec Katrin, a caché à sa nouvelle épouse être déjà dans les liens du mariage.
 
En effet, même s’il n’existe pas de statistiques concernant ces unions, il demeure que le mariage mixte est très courant. L’organisation d’un mariage mixte soulève toujours des interrogations. Mais pourquoi bon nombre de mariés cachent à leur nouvelle conquête leur précédent mariage?
 
Cela s’explique par le fait que dans sa culture, la femme étrangère ne connait pas la polygamie, nous répond-on.
 
Toutefois, quand le mari cache à sa femme étrangère son mariage précédent, il trouve d’abord un compromis avec sa première épouse.
 
Tout se fait en bonne intelligence. Tant que la femme toubab est au Sénégal, la première épouse disparaît, s’efface. Au cas contraire, le mari la présenterait comme la bonne ou la sœur.
Les mariages de ce type se produisent couramment dans la capitale de la Petite Côte.
 
Face à la pression de son mari, Amy Collé s’est laissée empêtrer dans un mariage qui n’était pas celui dont elle rêvait. La gorge nouée, elle se remémore, cette situation qui lui a valu des crises de larmes. 
 
« J’avais accepté de devenir la bonne de la maison quand l’autre femme venait en vacances. Au début, la jalousie me tenaillait de devoir partager mon mari. Mais je me retenais pour ne pas poser un acte qui irait à l’encontre du compromis fait avec mon mari. On y gagne et c’était pour le bien de la famille. Quand je voyais tout le bien que pouvait apporter ma coépouse qui ne me connaissait pas, je me suis assagie », explique Amy Collé, qui finira par accepter la situation.
 
Mariage d’amour ou de gain, la dénonciation suit
 
Même si pour certaines femmes cela demeure une trahison, pour d’autres cette situation est pour une bonne cause. Des femmes qui vivent cette situation l’acceptent sans piper.
Elles justifient l’arrangement en alléguant qu’elles y voient aussi le bien-être de leur famille.
Il y va de leur intérêt, nous indique-t-on.
Sous couvert de bienveillance, la femme, accepte sans broncher.
Souvent dans un mariage mixte, l’intérêt financier est mis au devant. Il n’est pas dit que c’est ce qui motive toujours mais quand même, il occupe une place centrale dans certains couples. 
 
Tout juste quelques mois après son mariage, une Française a découvert que son mari l’avait flouée. Elle avait découvert le pot-aux-roses par le biais d’un ami du couple.
 
Après avoir découvert la supercherie du mari, elle a mis un terme au mariage. Car pour elle, son ex-mari était animé par une intention de lucre. Sandrine qui avait acheté une maison a demandé le divorce.
 
 »Je me dis juste que c’est pour la bonne cause. Grâce à la femme européenne, mon mari a pu construire une grande maison. Il fait maintenant la navette entre l’étranger et le Sénégal. N’aurait été cette union, qui sait, il n’en arriverait pas à cette ascension sociale. On vivait une situation très précaire avec des enfants en charge  », dédramatise Amy Collé.
 
Au début tout se passe bien, le mariage porte ses fruits. Jusqu’au jour où par malchance, l’autre femme découvre la vérité.
 
« Le mari de ma sœur a été dénoncé par un de ses amis qui était jaloux. Il a expliqué à la femme toubab que mon beau-frère avait déjà une femme et qu’il lui avait trouvé un appartement. La femme est retournée dans son pays après avoir mis un terme au mariage », narre Ndeye Diagne.
 
Appelons-le Zacharia, la cinquantaine révolue, cet antiquaire a longtemps vécu dans un ménage polygame caché.
 
Sa femme étrangère s’appelait Jeannine et lui, vivait à Saly. Dans la maison familiale, quand les deux femmes se croisaient, la Sénégalaise devenait une aide ménagère.
 
Ndeye Diagne s’offusque quand même que la femme sénégalaise puisse accepter la femme étrangère. Car elle sait qu’il y a de l’intérêt en dessous.
 
 »Si c’était une femme sénégalaise, elles créeront tout un tas de problèmes à leur coépouse. C’est dommage que les réactions différent en fonction de la nationalité. Pour moi, l’homme doit prendre ses responsabilités et expliquer la situation à sa femme toubab. Si cette dernière l’aime réellement, elle acceptera le mariage polygame », estime la dame.
 
Même si la recherche du bien-être social semble être le maître mot dans le mariage mixte, des couples ont eu plus de chance. Certains voient leur secret dévoilé par un tiers. Là où d’autres naviguent dans le mensonge. Pour combien de temps encore ?