Le Sénégal se prépare à accueillir l’installation d’une nouvelle cimenterie, Ciments de l’Afrique (CIMAF), une multinationale marocaine. Malgré un marché déjà saturé, CIMAF rejoint les trois cimenteries déjà présentes, à savoir SOCOCIM, Ciments du Sahel et Dangoté. Cette arrivée suscite des interrogations quant à son impact possible sur les prix du ciment, encore considérés élevés dans le pays.
Le leader du marché, SOCOCIM, produit actuellement 3,5 millions de tonnes de ciment, avec un potentiel d’extension qui pourrait porter cette capacité à 7 millions de tonnes. Le deuxième plus grand producteur, Dangoté, appartenant au magnat nigérian du même nom, fabrique 1,6 million de tonnes par an. Ciments du Sahel, quant à lui, produit environ 600 000 tonnes par an. Collectivement, ces entreprises répondent largement à la demande nationale, d’autant plus que l’État a initié de nombreux grands projets de construction.
En plus de répondre à la demande intérieure, les cimenteries sénégalaises exportent également vers d’autres pays de la région, notamment le Mali. Suite à la levée de l’embargo sur ce pays, les exportations de ciment ont connu une augmentation spectaculaire de 585,8 %. Cependant, malgré cette production élevée et les opportunités d’exportation, les prix du ciment demeurent élevés sur le marché sénégalais.
En 2022, la tonne de ciment se vendait aux alentours de 80 000 francs CFA. Aujourd’hui, le prix a diminué à environ 65 000 francs CFA, en partie grâce à la suspension d’une taxe de 2 000 francs CFA par tonne, une mesure prise par l’État en juin dernier. Cependant, pour de nombreux acteurs du marché, cette réduction reste insuffisante. La question demeure donc : l’arrivée de CIMAF pourra-t-elle faire pression sur les prix et les réduire de manière significative ?
Il convient de souligner que CIMAF est déjà un acteur bien établi dans plusieurs pays africains. Depuis sa fondation en 2011, l’entreprise a étendu ses activités dans de nombreuses régions du continent. Dès 2013, elle a débuté ses opérations de broyage et d’ensachage en Côte d’Ivoire et en Guinée-Conakry. Par la suite, elle a pénétré d’autres marchés tels que le Cameroun, le Burkina Faso, et le Gabon, ainsi que la République du Congo, le Ghana et le Mali en 2016. CIMAF est désormais présente dans une dizaine de pays, incluant la Mauritanie, la Guinée-Bissau et le Tchad.
Dans un secteur déjà bien saturé, l’arrivée de CIMAF sur le marché sénégalais pourrait perturber l’équilibre actuel, surtout en termes de compétitivité et de structure des prix. Au minimum, cette nouvelle implantation favorisera la création d’emplois, un besoin crucial pour le pays. »révélés par nos confrères senego »