Dr Aboubacar Sarr s’apprête à vivre son deuxième pèlerinage à la tête de la Délégation générale nationale. Loin d’être une routine pour l’ancien ambassadeur en Egypte et consul à Djeddah, la mission relève, pour lui, d’un sacerdoce. A quelques jours du début du pèlerinage, il revient, dans cet entretien, sur les innovations qu’il a essayé d’apporter, les recommandations aux pèlerins. Il souligne également que le nombre de pèlerins a baissé par rapport aux années précédentes.Propos recueillis par El Hadji Ibrahima Khaliloullah NDIAYELes premiers pèlerins sénégalais sont déjà en Arabie saoudite. Comment appréciez-vous la situation ?Les premiers pèlerins ont effectivement atterri à Médine, lundi dernier. Ils ont été acheminés par les voyagistes privés. Le premier vol de la Délégation générale quitte Dakar le 31 mai pour arriver dans la même journée à l’aéroport de Médine. Tout est fin prêt et nous sommes dans les dispositions pour convoyer les 1.860 pèlerins de la mission sur le quota de 12.860 dont les 11.000 seront acheminés par les privés.Nous avons apporté cette année un certain nombre d’innovations pour faciliter le pèlerinage. La première porte sur la préinscription. Vous avez certainement pu remarquer qu’il n’y a pas eu d’affluence, cette année, au hangar des pèlerins du fait que, dès notre retour l’année dernière, nous avons invité ceux qui le désiraient à s’inscrire et à effectuer des versements au niveau de la Banque islamique à hauteur de 4 millions de FCfa. Au mois de décembre déjà, nous avions enregistré plus de la moitié de notre quota. Un mois plus tard nous l’avons bouclé. Cette préinscription n’existait pas. Il y avait de nombreux risques auparavant vu que les gens passaient la nuit devant le portail du hangar avec tout l’argent que les pèlerins détenaient par devers eux. Cette année, nous avons mis en place un guichet unique permettant au pèlerin de finaliser toutes les opérations en trente minutes : de la visite médicale à la confection du billet d’avion en passant par la confection du passeport ou même de la carte d’identité si le pèlerin ne l’a pas, la compagnie d’assurance, l’aptitude du médecin.La deuxième innovation est le dédié au vol. Pour rassurer le pèlerin, il est pris en charge par un dédié qui est son référent et celui qui le prend en charge. Il s’informe à travers ce dédié qui l’accompagne, loge avec lui. Cette personne remonte les informations au pèlerin ; ce qui constitue une nouveauté. On nous a souvent reproché de ne pas donner suffisamment d’informations, de n’avoir pas assez de missionnaires. C’est l’occasion de remercier les autorités qui ont voulu faire passer le nombre de missionnaires de 35 à 50 dans l’optique de mieux gérer et encadrer les pèlerins. Une autre innovation est constituée par le pré-hébergement. Les pèlerins peuvent être maintenant hébergés à partir de Dakar. Du moins pour ceux qui veulent être ensemble. S’ils se signalent, nous pouvons les mettre ensemble selon la configuration de l’hôtel. Sinon, nous le ferons une fois en Arabie Saoudite. Ce qui nous permet un gain de temps énorme et surtout que le voyage dure de longues heures entre la convocation, la durée du vol, l’attente à l’aéroport et le dispatching à l’hôtel.La dernière innovation est relative à la restauration, puisque nous avons demandé aux logeurs d’impliquer des traiteurs sénégalais pour que nous puissions avoir des plats sénégalais. Nous espérons ainsi atténuer les souffrances des pèlerins et faciliter leur voyage de foi.Ce que vous dites est valable pour la Délégation. Qu’en est-il des privés ?Il y a de nombreux privés qui ont déjà opté pour ces innovations depuis longtemps. Ils ont des groupes et des regroupements de 50 personnes, des sous-groupes. Nous nous sommes un peu inspirés des privés qui étaient déjà mieux organisés que nous. Et chaque sous-groupe est géré chez les privés par un référent. Ils n’ont certes pas la même configuration que nous puisque nous mettons dans chaque vol deux référents, un homme, une femme (quelqu’un qui parle arabe et un religieux) et une fois en Arabie Saoudite, nous serons complétés par les recrutés locaux.Le nombre de pèlerins fixé initialement a-t-il finalement été atteint ? Nous avons aujourd’hui 1860 visas pour la Délégation. Il reste 540 visas pour les voyagistes privés. Il faut dire que nous n’avons pas le nombre de pèlerins que nous avions dans les années précédentes et nous pensons que nous n’atteindrons pas le quota du Sénégal de 12.860 à 100 %. Nous nous retrouverons certainement avec 11.500 ou 11.600 pèlerins maximum. La demande n’est pas forte par rapport aux années précédentes.Est-ce que la baisse de la demande n’est pas liée à la cherté du pèlerinage ?Cette cherté ne dépend pas en réalité de nous. Les seuls postes que nous maitrisons sont le prix du vaccin et le pécule qui est décidé par la Délégation. Ce sont des postes qui ne coûtent pas chers. Le billet d’avion coûte cher du fait qu’il est fixé suivant des critères et que les avions contournent le Soudan, ce qui allonge la durée du vol de deux heures, soit plus de kérosène. Les frais de Mouna, Mousdaliffa et d’Arafat sont trop élevés. Il s’y ajoute les frais de visa qui ont évolué. Les Saoudiens ont augmenté le loyer, l’hébergement. Il y a des prix fixes que nous ne pouvons pas négocier. Le pèlerinage et la oumra constituent une importante source de devises pour les Saoudiens. La oumra était effectuée à des périodes définies auparavant, mais elle se fait maintenant quasiment toute l’année.Maintenant que des pèlerins sont sur place, quels conseils leur prodiguez-vous pour la réussite de leur Hadjj ? Nous leur demandons de bien respecter les consignes de l’encadrement. Les Saoudiens insistent sur la sensibilisation des pèlerins. Nous avons eu souvent des problèmes avec des pèlerins qui sont devenus exigeants, mettant en avant le fait qu’ils ont payé. Nous les invitons véritablement à suivre les conseils, mais aussi à arborer les cartes d’identité du pèlerin qui contiennent toutes les informations nécessaires et liées à leur hôtel, la nationalité, le bureau dont il dépend en Arabie Saoudite, le site qu’il occupe à Mouna. Cette carte permet au pèlerin d’emprunter les bus et d’entrer dans les tentes tout comme le site de Mouna. Les pèlerins doivent porter leur carte d’identité en permanence. Les autres recommandations sont d’éviter de sortir s’il n’y a pas d’urgence eu égard à la chaleur, d’éviter de rester toute la journée à la Kaaba.