« Dakar, l’erreur capitale de Sonko… » (Par Thierno Diop)
La polémique née de la liste de Yewwi Askan Wi à Dakar vient mettre en lumière le jeu de la Barbichette entre Ousmane Sonko, qui s’est fait tourner en bourrique depuis les investitures pour les locales de janvier 2022 et Khalifa Sall, qui, servi par une parfaite maitrise des codes de la haute politique, sait quand il faut sortir de la peau du lion pour entrer dans celle du renard.
En vrai renard, l’ancien maire de la capitale a – la bague au doigt, mais la corde au cou – noué un mariage plus de raison que de cœur avec le leader de Pastef pour gagner doublement : non seulement Dakar reste dans le giron de l’opposition avec la défaite de Benno, mais elle demeure toujours la chasse-gardée des socialistes.
En annonçant sa candidature à la présidentielle dans un contexte électoral lié aux locales, Khalifa rappelle à Sonko que la reconquête de la capitale était un jalon vers un plus haut destin politique auquel il serait prédestiné par son statut de Dernier Mohican du Senghorisme.
Reste alors le cas Barthelemy Dias. Hier, Saliou Sarr, qui est au centre de la polémique sus-évoquée, a déclaré que si “Taxawu Dakar” avait comploté contre Barthelemy Dias, ce dernier ne serait jamais maire de la capitale. M. Sarr semble en oublier que Barth’, en déclarant sa candidature à la mairie de Dakar l’an passé, avait défié “Taxawu Dakar”. D’ailleurs, l’actuel maire de Dakar avait, de but en blanc, affirmé qu’il ne comptait pas sur le soutien de “Taxawu” pour devenir maire de la capitale.
Le très politique fils de Jean Paul Dias, en defiant ainsi Khalifa, savait effectivement que a popularité de Ousmane Sonko dans la capitale lui suffisait pour se passer de “Taxawu” qui a été déplumé par Macky Sall depuis 2014 et qui a perdu toutes les élections dans Ndakaru de cette année-là à 2019. La tactique de Barth’ est d’autant plus payante que son rôle pour faire libérer le leader de Pastef en mars 2021 fait que ce dernier était devenu son pont-Levis.
En réalité, le Pastefien en chef, qui réalisa une prouesse à la présidentielle dans la capitale, aurait pu se présenter à Dakar et non à Ziguinchor, tout comme l’opposant Abdoulaye Wade, dans la même posture, fut candidat à la ville de Dakar et non à Kébémer, aux locales de 1996.
Le pape du Sopi capitalisait ainsi sur son aura auprès des Dakarois, étant donné que la capitale fut un bastion imprégnable du Pds dans les années 90 et jusqu’en 2007. En 1996, Abdoulaye Wade aurait pu être le maire de Dakar.
Malheureusement, ces élections font partie des pires tenues sous le régime de Abdou Diouf, avec les multiples irrégularités. D’ailleurs, c’est au lendemain de ces élections que le ministère de l’Intérieur fut dirigé par un profil neutre, le général Lamine Cissé en l’occurrence, pour surmonter le contentieux post-électoral.
Ainsi, le Parti démocratique sénégalais devait être le meilleur allié pour Sonko. Ce dernier aurait facilement consolidé son statut de chef de l’opposition à Dakar acquis en 2019 et, en contrepartie, cédé des villes de la banlieue comme Pikine aux libéraux, tout en conservant Ziguinchor et se tailler une base à Kolda où le Pds a souvent été représentatif. Mieux, cela allait lui permettre de marcher sur les plates-bandes des libéraux à Touba et donner une contre-valeur électorale à l’élan de sympathie qu’il suscite dans le Baol, en général.
Hélas, Sonko, qui venait à peine d’être inscrit à l’école primaire en 1983, alors que Khalifa Sall devenait député pour la première fois, est né de cette dernière pluie en politique, qu’il s’est comporté en enfant de chœur dans une fosse aux lions !