Un candidat-surprise vient violer les délais de forclusion, en prenant place dans les starting-blocks bien après le deadline. Il s’agit du surmédiatisé variant de la Covid-19, Omicron.
En effet, le Sénégal a officiellement enregistré, samedi dernier, son premier cas de cette souche hyper contagieuse, mais moins virulente, cependant.
Quoi qu’il en soit, son apparition vient compromettre davantage le processus électoral déjà menacé par le bras de fer entre l’opposition et l’Administration territoriale (préfets et sous-préfets) à propos de l’invalidation de certaines listes.
Désavouée par les cours d’appel dans certaines localités, l’Administration territoriale est appelée par la tutelle (le ministère de l’Intérieur) à se pourvoir en cassation.
«On a tous entendu le ministre de l’Intérieur demander aux préfets et sous-préfets de se pourvoir en cassation, après les décisions rendues par les cours d’appel et qui sont largement favorables à l’opposition. C’est ce qui fait que dans plusieurs communes, les préfets refusent d’appliquer les décisions des cours d’appel.
Ce qui prouve l’entêtement de Macky Sall à éliminer des listes de Yewwi Askan Wi. Il est en train de faire une compétition hors urne avec son ministre de l’Intérieur qui est censé organiser des élections libres et transparentes», a dénoncé Yewwi Askan Wi en conférence de presse la semaine dernière.
Quid d’une campagne sous Covid ?
A ces vives querelles autour des règles du jeu, s’ajoute une probable 4e vague de Covid-19 qui fait planer de gros nuages sur le scrutin du 23 janvier 2022.
Même si la virulence d’Omicron est atténuée par les nombreuses mutations et que sa progression semble encore sous contrôle avec des nouvelles contaminations quotidiennes sous la barre des 10, certains spécialistes préconisent la prudence.
«C’est extrêmement bénin par rapport aux cas de Delta. Et sa létalité est encore trop faible. Officiellement, on n’a pas encore vu de décès lié au variant Omicron. Il faut interdire tous les rassemblements qui ne sont pas utiles. Mais j’ai peur, avec les élections locales qui arrivent, avec les meetings et autres», a préconisé l’épidémiologiste et directeur de recherche à l’Ird, Dr Cheikh Sokhna.
Les meetings politiques, de potentielles machines à cluster
A l’instar de la France où les infectiologues sont sur le qui-vive à J-123 de l’élection présidentielle, le Sénégal aborde une campagne électorale locale sous Covid-19. La campagne, moment de grands rassemblements politiques (meetings, porte-à-porte…) sont de potentielles machines à cluster, terreau fertile de la propagation du virus.
Face à ce gros risque, des meetings respectant les gestes barrières sont préconisés. «Il faudrait que les acteurs politiques prennent conscience de cette nouvelle donne, qu’ils respectent les mesures barrières, diminuent la durée de leurs rassemblements. Nous sommes inquiétés par les meetings, mais on ne peut pas encore savoir l’impact réel que le variant pourrait avoir sur la tenue des élections locales», suggère Cheikh Sokhna.
Cependant, force est de reconnaître qu’il est impossible de faire respecter les gestes barrières (distanciation physique, port du masque…) dans ce genre de manifestation.