[Avortement médicalisé 1/2] Féministes et religieux ne parlent toujours pas le même langage

[Avortement médicalisé 1/2] Féministes et religieux ne parlent toujours pas le même langage

Les féministes et les religieux sont toujours à couteaux tirés au sujet de l’avortement médicalisé. Si les premières affirment que cette autorisation est une urgence au regard des drames pouvant découler des viols et des incestes, pour les religieux, il n’est pas question d’interrompre une grossesse au nom de la préservation de la dignité et de l’amélioration des conditions de la fille ou de la femme. La vie est sacrée.  
L’avortement médicalisé est loin de faire l’unanimité. Son autorisation est une nécessité si l’on se rapporte aux drames découlant de l’inceste, du traumatisme pouvant naître des viols et des agressions sexuelles. Telle est la position défendue par Aissatou Ndiaye, Présidente de Youth Women For action Sénégal. Cette dernière coordonne le comité de plaidoyer pour l’accès à l’avortement médicalisé en cas de viol ou d’inceste et qui y milite depuis 2013. « Nous demandons des alinéas dans le principe de l’interdiction de l’avortement pour prendre en compte les cas de viol et d’inceste dans le code pénal. Cela n’aura aucun effet sur l’interdiction de l’avortement », précise Aissatou Ndiaye. 
Il y a deux ans, cette association a déroulé une campagne de sensibilisation aux fins de convaincre les autorités étatiques et religieuses d’autoriser l’avortement médicalisé. Malheureusement, ces actions ont soulevé une levée de boucliers contre les féministes. Or dans la Task Force de cette structure, on retrouve des médecins, des journalistes, des juristes, des sages-femmes et même des autorités religieuses. « En réalité, cette Task Force émane de l’Etat à travers la Direction de la Santé, de la Mère et de l’Enfant du Ministère de la Santé et de l’Action sociale », informe Aissatou Ndiaye. Elle évoque le paradoxe : l’interdiction n’a pas infléchi sur la courbe des avortements clandestins. La toile de fond de ce camp, c’est la protection de la femme, la préservation de sa dignité. Cela exige de l’endurance, c’est pour cela, que les membres de cette association vont passer à la vitesse supérieure en portant le combat à l’Assemblée nationale en 2023. « Il est temps que l’on autorise l’avortement médicalisé au Sénégal. Nous comptons porter ce combat à l’Assemblée nationale. Nous n’allons pas baisser les bras. Jamra et les autres associations ne peuvent pas nous arrêter », a-t-elle prévenu.
Le bras de fer va alors se poursuivre car ceux qui s’y opposent n’entendent pas se laisser faire. Par la voix de Mame Mame Matar Guèye, ce camp invite cette association à investir leurs moyens dans le soutien aux orphelinats. « Il est hors de question que l’on autorise l’avortement médicalisé au Sénégal car ça serait une atteinte à notre religion musulmane qui interdit cette pratique », argumente le guide religieux qui assimile l’avortement médicalisé, à « un meurtre de l’enfant dans le ventre de sa maman. « J’invite ces féministes au lieu d’investir des millions dans les médias pour promouvoir l’avortement à soutenir les orphelinats. Tuer un enfant innocent n’est pas la solution. Il faut confier la garde de l’enfant à l’orphelinat si toutefois il porte atteinte à sa mère », préconise le religieux. 

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