Assemblée nationale : Pastef, l’inévitable marginalisation
Autant le Sénégal a une longue tradition démocratique, autant le PDS a une longue tradition d’opposition légale. Pour le PDS, l’exercice du pouvoir (2000-2012) n’a été qu’une sorte d’intermède entre des phases d’opposition (1974-2000 et depuis 2012). En prenant l’initiative de harceler le Premier ministre, Amadou Ba, pour qu’il fasse sa Déclaration de politique générale, le PDS cherche à distinguer son style d’opposition de celui de son allié Pastef. Mieux encore (ou pire), le PDS cherche à marginaliser les «bleus» de Pastef.
Cette marginalisation de Pastef sur le terrain parlementaire et, plus généralement , sur le champs politique est inévitable parce que le PDS, depuis sa création en 1974 par Me Wade, n’a jamais était en marge de l’opposition légale alors que Pastef est convaincu que l’insurrection et les émeutes doivent être des raccourcis pour accéder au pouvoir Wade a toujours déclaré qu’il ne marcherait jamais sur des cadavres pour aller au Palais alors que la nouvelle opposition a déjà à son actif en moins de deux ans plus de morts qu’avec Wade en 26 ans d’opposition.
L’opposition de Wade entre 1974 à 2000 a fait beaucoup progressé la democratie sénégalaise. Pendant la campagne des législatives Sonko, dans sa quête d’hégémonie politique, dénonçait l’opposition dans l’opposition. Cette opposition dans l’opposition va se poursuivre l’Assemblée nationale avec deux pôles qui vont rivaliser en vue de la Présidentielle de 2024. À l’Assemblée nationale, le PDS a toutes les chances de remporter la bataille des oppositions, marginalisant davantage Pastef qui l’est déjà avec le débat sur la loi d’amnistie que Wade et Khalifa Sall feront voter à coup sûr.