Mamadou Racine Sy, président du Syndicat patronal de l’industrie touristique et hôtelière (Sphs) et de la Fédération des organisations patronales de l’industrie touristique du Sénégal (Fopits), a vertement critiqué, mardi 26 avril dernier, le ministre du Tourisme Alioune Sarr. Dans le collimateur de l’homme d’affaires “les lenteurs et la non-effectivité des financements du Crédit hôtelier touristique (CHT)”. Aucun des engagements pris par l’Etat n’a été tenu, a-t-il fustigé. Les directives du chef de l’Etat, pour la mise à disposition du secteur du tourisme, d’un certain nombre de ressources, n’ont pas été respectées. On parle de 75 milliards qui auraient été mis à la disposition du secteur du tourisme, nous disons que ce n’est pas le cas”.
Après cette sortie musclée, qui a défrayé la chronique, place à la réponse de l’incriminé, à savoir le ministère du Tourisme qui a réagi par la voix du Secrétaire Permanent du CHT, programme mis en cause par l’intéressé. Celui-ci a notamment mis en exergue les réalisations opérées par le biais du Crédit Hôtelier Touristique : “Ce programme de résilience a permis de financer dans le secteur du tourisme et de l’hôtellerie environ deux mille (2000) acteurs et entreprises pour des montants allant de 500 000 FCFA à 600 000 000 FCFA. Les bénéficiaires de ces financements sont répartis ainsi qu’il suit : trois cent cinquante-quatre (354) établissements d’hébergement touristique (hôtels, auberges, campements, etc.), cent vingt-trois (123) agences de voyages, deux cent quatre-vingt -un (281) restaurants de tourisme et mille cent quarante (1 140) artisans et guides touristiques.”
75 milliards F CFA pour financer les besoins en investissement des entreprises
Le CHT relève, aussi, que “le Ministre des Finances et du Budget et le Ministre du Tourisme et des Transports aériens ont travaillé avec deux banques partenaires, la BNDE et la NSIA Banque, pour la mise en place d’une ligne de financement de 75 milliards de FCFA destinés exclusivement aux investissements à l’aide d’un effet de levier”. ‘Dans le cadre de ce mécanisme, l’Etat met en place un fonds de garantie et les banques partenaires lèvent des fonds avec un effet multiplicateur pour financer les besoins en investissement des entreprises”, précise-t-il. L’Etat a mis en place un fonds d’amorçage de garantie de cinq milliards (5 000 000 000) de francs CFA dans chaque banque partenaire pour le démarrage du programme, condition nécessaire pour la mise en œuvre de l’effet de levier conformément aux exigences du régulateur bancaire et des clauses obligatoires des accords de Bâle.
Dans le cadre du CHT, “cent quinze (115) dossiers de demande de financement d’investissement ont été étudiés par le Comité de Gestion dont quarante-sept (47) ont été approuvés pour un montant total de dix-neuf milliards cinq cent quatre-vingt-dix-huit millions cinq cent quatre vingt-dix-huit mille sept cent dix-neuf (19 598 598 719) francs CFA et transmis aux banques partenaires”, renseigne le ministre. “De ce montant, neuf milliards cinq cent soixante-six millions sept cent quatre-vingt-deux mille neuf cent cinquante (9 566 782 950) francs CFA ont été approuvés par le comité de crédit des banques dont quatre milliards (4 000 000 000) francs FCFA déjà mis en place”, ajoute-t-il.
Il rappelle, par ailleurs, que le secteur privé touristique a été impliqué durant tout ce processus : “Il y a six (06) membres du secteur privé touristique, dont Monsieur Mamadou Racine SY, Président du SPIHS, qui siègent dans le Comité de Gestion du Crédit hôtelier et touristique et qui ont participé à l’étude ainsi qu’à l’approbation de ces dossiers. Alors qu’au départ, il n’y avait que trois (03) représentants du secteur privé, c’est avec le Ministre Alioune SARR que d’autres ont intégré le Comité dont le Président Mamadou Racine SY. Cela, il est important que les acteurs du secteur le sachent de même que l’opinion. Nulle part, il n’y a eu d’intervention du Ministre Alioune SARR et sa responsabilité ne saurait être évoquée encore moins engagée.
Quant aux lenteurs dans le déblocage des fonds, épinglé par Mamadou Racine Sy, le Secrétaire Permanent dégage la responsabilité de ses services et pointe du doigt certaines insuffisances des requérants : “Force est de reconnaître que certains dossiers éligibles pêchent par l’absence de garanties exigées par les banques, condition sine qua non pour la mise en place des crédits. Donc, si on peut parler de lenteurs c’est bien à ce niveau et le Ministre n’y est absolument pour rien”.
Pour finir, le CHT a rappelé la détermination du ministre Alioune Sarr à accompagner les acteurs privés du tourisme, notamment au plus fort de la pandémie de coronavirus : Entre 2020 et 2022, le Crédit hôtelier et touristique a accordé plus de vingt (20) milliards de FCFA de prêts aux acteurs touristiques (à travers le crédit classique, les fonds de résilience et le financement de la relance) et avec la pandémie, des différés de paiement ont été accordés pour le remboursement”.
“Alioune Sarr a toujours considéré les membres du secteur privé touristique comme des partenaires et les a toujours associés dans toutes ses initiatives”, conclut-il.