Adama Ndaw : « Les enfants porteurs de handicap ont le droit d’être épanouis dans une société qui les accepte»
Elle se veut un rayon d’espoir pour les enfants porteurs de handicap. Dans cet entretien accordé à Seneweb, Adama Ndaw, présidente de l’Association Enfants Soleil Sénégal, explique qu’ils ambitionnent de mettre fin aux stigmatisations de ces chérubins en les accompagnant dans les étapes de la vie.
Comment est née l’Association Enfants Soleil Sénégal ?
Enfants Soleil Sénégal est la concrétisation du vœu de parents d’enfant porteurs de handicap, notamment ceux atteints de Trisomie 21 et d’autisme. Au sein des enfants de notre association, nous avons également quatre cas d’IMC (Infirmité Motrice Cérébrale) et six cas de déficience mentale.
Notre vocation est d’accompagner les familles d’enfants porteurs de handicap dans tous les domaines : médical, paramédical, scolaire, professionnel. Évidemment, nous faisons face à des coûts très élevés dans la prise en charge des besoins dispendieux de nos trésors. En effet, les dépenses de santé sont chères en raison de la rareté des ressources humaines capables de les fournir, les orthophonistes et psychomotriciens, essentiellement.
Partant de ce constat, nous avons décidé de lancer un dispositif de prise en charge de ces enfants à besoin spécifique. Dans cette démarche, nous avons bénéficié du soutien d’Enfants Soleil France et d’Enfants Soleil Belgique, des associations constituées par des sénégalais de la diaspora, sensibles à ce sujet.
Quels sont les objectifs de l’Association ?
Nous poursuivons 4 objectifs qui nous semblent prioritaires :
Lever la stigmatisation sur les enfants porteurs de handicap ainsi que l’exclusion et l’isolement dont sont victimes leurs parents
Contribuer à une éducation parfaitement inclusive des enfants
Mettre en place un système de soins – médicaux et paramédicaux – adéquat pour leur développement
Participer à leur intégration professionnelle via une formation adaptée
Quels sont les principaux obstacles auxquels vous faites face dans cet accompagnement
Le premier obstacle est la stigmatisation : ces enfants sont marginalisés par la société et sont victimes de préjugés au sein de leur propre famille. Ils vivent, pour la plupart reclus et marginalisés ; notre rôle est de prouver au grand public que le handicap n’est pas une fatalité. Un enfant bien pris en charge peut tout à fait être autonome et s’intégrer dans la société.
Ensuite, il y a l’exclusion sociale que vivent les parents de ces enfants. Les difficultés d’acceptation et l’impréparation des autres enfants à accueillir ces enfants à besoins spécifiques nourrit ce sentiment chez eux et accroit leur isolement.
Il y a aussi le déficit de soins paramédicaux utiles pour améliorer la qualité de vie de nos loulous. Il s’agit des séances d’orthophonie, de kinésithérapie et de psychomotricité. Ces séances, essentielles pour ces enfants, sont particulièrement onéreuses jusqu’à 20 000 fcfa par heure chez certains professionnels. Les budgets montent très vite quand l’on sait que ces séances sont souvent hebdomadaires. Je vous laisse faire le calcul…
En outre, il faut relever les problèmes de scolarisation. Savez-vous que les enfants souffrant de déficience intellectuelle ne bénéficient pas d’un programme de scolarisation adaptée ? C’est à peine croyable quand on sait le nombre d’enfants concernés qui est très important ! C’est ce qui fait que nous avons énormément de mal à placer ces enfants faute d’un bilan global permettant de les orienter vers une éducation inclusive ou un établissement spécialisé. Le personnel d’enseignement doit également avoir une formation spécifique pour faire face aux exigences de la prise en charge de cette catégorie d’enfants.
Enfin, et ce n’est pas le moins important, la question de l’intégration professionnelle se pose avec acuité concernant les enfants porteurs de handicap. Ils doivent bénéficier d’une formation adaptée pour être en mesure de s’intégrer dans le milieu professionnel car ils en sont capables.
Pouvez-vous nous en dire plus sur vos réalisations :
A ce sujet, nous avons conduit de front deux chantiers qui apparaissaient critiques à nos yeux en raison de leur impact sur la santé et l’éducation.
C’est ainsi que nous avons pu tisser un réseau de partenariats avec des spécialistes dans le domaine médical (orthophoniste, psychomotriciens, dentiste, ophtalmologues, spécialistes en ORL…) et nos Enfants Soleil bénéficient de soins gratuits auprès de ces professionnels, d’une part.
D’autre part, au niveau de la scolarisation, plus de 35 enfants ont déjà bénéficié de bourses Enfants Soleil Sénégal grâce au système de parrainage mis en place par nos soins et ceux des amis de l’association.
Quels sont vos projets pour 2023 ?
Le projet le plus important pour 2023 est le Centre de l’Association : « la Maison Jaune » qui permettra d’accueillir les Enfants Soleil. Actuellement situé à Ngor, nous espérons être en mesure de démarrer les activités de Malika dès le mois d’Avril.
Un projet d’école inclusive est en cours d’étude également… Croisons les doigts !
Avez-vous un dernier message à lancer ?
Le projet d’inclusion sociale des Enfants Soleil est notre raison d’être ; les enfants porteurs de handicap ont également le droit d’être épanouis dans une société qui les accepte ; ils doivent aller à l’école, se faire soigner et bénéficier d’un emploi. Ils ont le droit de vivre tout simplement…