A l’issue du second tour des élections, la gauche remporte 187 sièges à l’Assemblée nationale, devant le camp présidentiel (159 sièges), et le RN et ses alliés (142 sièges)
Avec sa coalition arrivée en deuxième position devant le Rassemblement national, Emmanuel Macron a évité la déroute qui s’annonçait après la dissolution de l’Assemblée, mais la suite reste à inventer, avec une gauche qui revendique de gouverner, une droite qui refuse l’alliance et des troupes profondément divisées.
Selon les instituts de sondage, la coalition « Ensemble pour la République » composée du parti présidentiel Renaissance, du MoDem, d’Horizons, du Parti radical et de l’Udi recueille de 150 à 180 députés. Les partis d’Emmanuel Macron, François Bayrou et Édouard Philippe conservent leurs groupes à l’Assemblée. Et surprise majeure : les macronistes terminent devant le RN, victime de l’efficacité retrouvée du « front républicain ».
La vague de désistements engagée avec la gauche –82 candidats de la majorité se sont retirés quand ils étaient en position défavorable avec un risque de victoire du RN dans leur circonscription– a permis au camp présidentiel de largement limiter la casse. Dans l’entre-deux-tours, plusieurs études d’instituts de sondages leur accordaient moins de 100 députés, contre 250 dans l’Assemblée sortante, et 350 lors de l’accession d’Emmanuel Macron au pouvoir en 2017.
Le chef de l’État, qui subit le désamour de ses propres troupes depuis sa dissolution solitaire du 9 juin, a évité le pire. Mais ces législatives n’en constituent pas moins un tournant dans sa présidence, qualifiée de « verticale » tant par ses opposants que par ses partisans.
Lui qui expliquait, peu avant sa réélection en 2022, que la France n’avait « pas un régime parlementaire » va devoir composer avec des adversaires, sans lesquels aucune majorité, même relative, n’est possible.
« On passe forcément dans une lecture plus parlementaire du régime, telle qu’on l’a connue en cohabitation », résume Anne Levade, professeure de droit public à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
Un soulagement certain parcourait le camp présidentiel dimanche soir. « Le bloc central est bien vivant », souligne dimanche soir l’entourage du chef de l’État, incitant cependant à la « prudence » quant à l’analyse des résultats.
Un long chemin parcouru depuis la dissolution. Le président « a confiance et il n’y va pas pour une petite majorité », expliquait-on de même source quelques jours après cette décision prise au soir de la lourde défaite enregistrée aux élections européennes.
Mais contrairement aux plans élyséens, la gauche ne s’est pas divisée : elle est même repartie unie pour ces élections législatives, sous la bannière du Nouveau Front populaire. Et le discours élyséen évolua au fur et à mesure de la campagne éclair.
« L’esprit de coalition, il l’a toujours poussé, dès février 2017 dans un meeting. Il le redit en juin 2022, il le fait régulièrement pendant le mandat » mais « jamais les forces politiques ont voulu y venir », expliquait vendredi ce même entourage présidentiel.
Quelle suite à ce scrutin qui ne dégage aucune majorité absolue au Palais Bourbon ? « La question est qui pour gouverner désormais et atteindre la majorité », fait-on valoir à l’Élysée peu après 20h00. AFP