Serigne Aliou Mbacké, écrivain : « Il faut couper tout lien avec les démons de la colonisation et de l’esclavage pour développer l’Afrique »

Serigne Aliou Mbacké, écrivain : « Il faut couper tout lien avec les démons de la colonisation et de l’esclavage pour développer l’Afrique »

Dans son livre “Afrovirus, comment dé confiner les mentalités africaines”, Serigne Aliou Mbacké incite la jeunesse africaine à sortir du confinement d’une idéologie de la subordination. Dans cet entretien avec Seneweb, le chef de Division des marchés à la Direction des Constructions du ministère de l’intérieur tente d’apporter ses solutions aux maux qui gangrènent le continent africain. Il préconise notamment de couper le cordon ombilical entre l’Afrique et l’Occident.

Vous avez écrit “Afrovirus, comment déconfiner les mentalités africaines”, en allusion au  coronavirus.  Pourquoi le choix de ce titre ?

J’ai choisi ce titre parce qu’on est dans un contexte où les êtres humains sont un peu confinés par un virus invisible à l’œil nu qui, à cet effet, a fait des ravages dans le monde, il a mis a genou les plus grandes puissances du monde. Or, il y a un complexe beaucoup plus profond, plus maladif et c’est celui de l’infériorité que malheureusement nous nourrissons vis-à-vis des autres pays, continents, qui fait que nous n’osons pas choisir nos propre voies de développement, faire confiance à nos propres ressources humaines, donc , c’est ce virus-là qu’il faut déjà éradiquer  pour songer au développement.

“Le développement ne peut se faire que lorsque les individus sont débarrassés des carcans qui les emprisonnent dans un complexe d’infériorité”

Qu’est ce qui vous a motivé à effectuer ce travail ?

L’écriture du livre est d’abord née d’un questionnement qui intéresse tout africain je vais dire même tout être humain concernant la situation actuelle et le devenir de l’Afrique. Je  me suis posé la question à savoir si la situation actuelle de l’Afrique qui renvoie plus à la misère, à la pauvreté, à la maladie, correspond réellement à la réalité sur le terrain. C’est à partir de là que j’ai essayé de développer un regard en interne venant non pas d’un externe mais plutôt un Africain.

Il  est le fruit d’un constat sur la situation actuelle de l’Afrique qui, non seulement  est en train de perdre ses valeurs,  mais nourrit un complexe d’infériorité vis-à-vis des Européens et des Asiatiques. Donc fort ce constat, je pense que le développement ne peut se faire que lorsque les individus sont débarrassés des carcans qui les emprisonnent dans un complexe d’infériorité, de servitudes, autoflagellation. Donc par conséquent, il urge, il est une nécessité même que les Africains puissent sortir de cet obscurantisme pour pouvoir réaliser l’Afrique de nos rêves, une Afrique conçue par les Africains et pour les Africains eux-mêmes.

“Il faut adopter l’idéologie de Serigne Touba”

Comment sortir de ce complexe et de cette dépendance ?

Ce n’est pas un pari facile. Cependant, il faut savoir que rien ne l’est dans la vie. Je suis  très optimiste vu l’élan nourri par la jeunesse africaine, il y a de quoi être optimiste. Néanmoins, il faut des préalables comme une vie politico-sociale, socio-culturelle pour pouvoir sensibiliser des gens à travers l’incitation, le dialogue et s’il le faut même sanctionner mais positivement pour récompenser les bons élèves. Je pense vraiment que la jeunesse africaine relèvera ce défi là pour ainsi réaliser l’Afrique de notre rêve.

Il ne s’agit que d’une question de volonté afin de couper définitivement, par tous les moyens, les relations que nous avons entretenues avec les démons de la colonisation et de l’esclavage et aller au-delà pour nous réconcilier avec notre passé. Une réconciliation qui prendra son envol vers la construction de notre présent, garant de notre futur.

Êtes-vous inspiré, dans le livre, par les écrits de votre grand-père Cheikh Ahmadou Bamba ?

Oui ! bien évidemment car il faut adopter l’idéologie de Serigne Touba. Il faut que nous soyons conscients  de ce que nous sommes. Nous sommes africains et nous sommes appelés à vivre de nos propres actions. Il faut une prise de responsabilité pour assurer notre destin comme le disait Khadim  Rassoul, cela est un devoir. Mais, il faut le faire dans le respect de l’autre main dans la main en nous basant sur le passé pour construire avec le présent un avenir prospère. Puiser dans notre moi profond la quête de notre identité, qui est le  déterminisme de notre existant, à travers l’héritage que nous avons reçu et que nous n’avons pas mis en valeur.

Entretien réalisé par Absa Diongue (Stagiaire)