Plus loin avec… Fadel Barro, président de Jámmi Gox yi : « Ce parrainage est une censure déguisée »
Sa coalition, Jámmi Gox yi, recalée de la course à l’assemblée nationale pour défaut de signatures, le journaliste et ancien coordonnateur de Y en a marre, Fadel Barro fait le procès du parrainage. Dans cet entretien express qu’il a accordé à Seneweb en marge d’une conférence de presse à Guédiawaye, l’ancien reporter du journal Le Quotidien et du magazine La Gazette, propose une nouvelle formule pour un parrainage plus juste.
Votre coalition a été recalée à l’étape du parrainage. Allez-vous faire un recours auprès des juridictions compétentes?
Nous n’accepterons pas ce rejet. Nous sommes en train de faire tous les recours au niveau de la justice. Nous attendons juste une notification du ministère de l’Intérieur pour pouvoir saisir la cour constitutionnelle à propos de ce rejet qui est injustifié.
“On joue avec la loi pour essayer de bloquer ceux qu’on pense être les plus faibles et cela n’est pas sérieux”
Quels motifs vous ont été formulés pour justifier ce rejet?
Nous n’avons pas un problème de doublons. Les 2400 doublons qui nous ont été reprochés, ne nous empêchent pas d’atteindre la barre des 34 000 parce que nous avons déposé plus de 40 000 parrains. Ils ont rejeté 17 000 de nos parrainages pour “autres motifs”. Autres motifs peut-être: un espace de plus entre le nom et le prénom; un Massiré sans accent sur le « e »; ou bien mettre Abdoul A. à la place de Abdoul Aziz.
“Autres motifs” n’est pas assez consistant, ni assez sérieux pour invalider la candidature d’un citoyen qui décide de participer et qui répond à tous les critères. Aujourd’hui, le parrainage semble être une censure déguisée. Une manière de choisir, de sélectionner avec qui on veut aller aux élections.
Ce n’est pas normal qu’on invalide 17 000 de nos signatures et seulement 25 à Benno Bokk Yakaar. Ils ne sont pas plus rigoureux que nous. Nous sommes les rares candidats à déposer à l’heure. On était 18e après le tirage au sort, on est arrivés au bout du compte. Parmi les 17 coalitions qui nous précédaient au tirage, il n’y a que quatre qui ont déposé à temps avant nous. C’est tout à notre honneur parce que nous avons tout fait dans les règles de l’art. On a vu des coalitions qui n’ont pas respecté les délais mais on les a laissé passer. Il y a un deux poids deux mesures dans cette affaire.
On joue avec la loi pour essayer de bloquer ceux qu’on pense être les plus faibles et cela n’est pas sérieux.
Êtes-vous pour ou contre un filtrage des candidatures aux élections ?
Je l’ai dit et répété, le parrainage en soi n’est pas une mauvaise chose. Et cela nous l’avons dit depuis le jour de son adoption à l’assemblée nationale. Nous étions dans la rue pour dire que le parrainage n’est pas une mauvaise chose mais la manière dont on l’applique est mauvaise.
“Avec le système actuel l’Etat a une cartographie qui lui permet de savoir dans chaque département qui est le plus fort”
Quelle est la meilleure formule selon vous ?
La meilleure formule aurait été de permettre à chaque citoyen de parrainer au moins deux à trois candidats pour pouvoir choisir entre les trois là aux élections. Pourquoi? Je peux parrainer un candidat parce que j’estime qu’il va figurer dans telle liste. S’il ne figure pas dans cette liste au bout du compte? Surtout que dans les quartiers les gens parrainent des représentants de leur département. Et si la coalition, comme on l’a vu d’ailleurs, décide de ne pas les investir. Comment on fait ? Ça c’est déjà une aberration!
L’autre aberration est qu’avec le système actuel l’Etat a une cartographie qui lui permet de savoir dans chaque département qui est le plus fort. Et il peut jouer après sur la distribution des cartes d’électeurs pour les affaiblir. En définitive, il s’agit d’une collecte illicite de données personnelles. Il faut qu’on revienne à la raison. Ces élections là c’est 15 coalitions, ce n’est pas excessif.
Dans certains pays où le parrainage existe, s’il y a moins de 20 candidats (listes), on laisse tout le monde passer.