Limitation des mandats présidentiels : Les regrets de Macky Sall

Pour sa supposée troisième candidature en 2024, le chef de l’Etat sénégalais, réélu en 2019 pour un mandat de 5 ans, a toujours préféré maintenir le suspense déclarant « ni oui, ni non ». Mais, Macky Sall a semblé lever un petit coin du voile, regrettant une sorte de « disproportionnalité » entre le désir de limiter les mandats en Afrique et l’objectif de développement qui, selon lui, demande plus de temps au pouvoir. En effet, recevant, ce jeudi, une centaine de jeunes leaders africains venus un peu partout dans le monde, le président de la République déclare : « Puisque nous voulons plus de démocratie en Afrique, nous disons qu’il faut limiter les mandats en réduisant la durée de la présence à la tête de l’État. Mais au même moment, les procédures, qui datent des années soixante, sont toujours les mêmes qui conditionnent les décaissements. Alors quand est-ce que les régimes mis en place vont avoir un bilan ? »
 
Macky Sall soutient, en outre, qu’« on risquerait de virer des régimes tous les cinq ans et ça va être un éternel recommencement qui est contraire à l’idée du développement ».
 
En plus clair, pour avoir des mandats limités, le Chef de l’Etat plaide une réforme interne des administrations africaines. L’utilisation des nouvelles technologies en est une solution.
 
« Il faut, d’abord à l’interne, que les administrations se réforment qu’elles digitalisent en procédure leur économie. Également du côté des partenaires, qu’il y ait cette évolution pour que nous puissions, dans des délais convenus, pouvoir faire le développement des populations. Souvent, ces formalités et ces procédures retardent la formulation et l’exécution des projets. Cela fragilise l’action publique et suscite des attentes déçues. C’est ce qui entraîne toutes ces critiques au niveau des réseaux sociaux : il n’a rien foutu, dégage, bla bla’’… Mais ça ne se passe pas comme ça. Ce n’est pas un bouton magique », a-t-il notamment regretté lors de cette rencontre.
 
Birahim Seck: «échec du Pse ? »
 
Une nouvelle déclaration qui a fait réagir Birahim Seck, coordonnateur du Forum civil. De l’avis de celui-ci, il s’agit d’un mauvais prétexte. « Monsieur le président de la République, vous ne pouvez pas vous défausser sur les procédures en début du premier mandat et le refaire à la fin de votre ultime mandat, alors que vous avez, pourtant, eu 10 ans pour réformer et digitaliser les procédures, en profondeur. Êtes-vous en train de confesser que le PSE est un échec ? ».
 
Pour M. Seck, si les partenaires techniques et financiers n’ont pas exigé à emprunter leur argent, « il faut nécessairement respecter leurs procédures de décaissement et de passation car, eux, ils veillent scrupuleusement sur l’argent de leurs concitoyens et des investisseurs, en prêtant à d’autres pays ».
 
Le patron de la section sénégalaise de Transparency international de rappeler que le Code des marchés a été changé en 2014 pour, dit-il, « raccourcir les délais, relever les seuils de passation de marchés, sous prétexte que les procédures étaient longues ». 
 
Mieux, selon toujours Birahim Seck, « le trésor public a beaucoup souffert des demandes de renseignements et de prix sans contrôle à priori et, des ententes directes, y compris des offres spontanées négociées (OSN: 92 milliards au 4eme trimestre 2021 contre 60 milliards au 4eme trimestre 2020) », invitant le président Sall à pointer son propre système de gouvernance.