Une surveillante de prison, en couple avec un ex-détenu, porte plainte contre sa hiérarchie pour harcèlement

Cette mère de famille de 42 ans raconte avoir assisté à des actes de violence menés par ses collègues sur certains détenus. Depuis, la surveillante a demandé sa mutation à Béziers pour un rapprochement familial. Une demande toujours refusée, jusqu’à présent.

« Je suis épuisée. Je n’en peux plus ». Une surveillante de prison, en couple avec un ancien détenu, a porté plainte auprès du tribunal de Béziers à l’automne 2021 contre l’administration pénitentiaire pour harcèlement moral, selon France Bleu Hérault, qui recueille ce mardi son témoignage.

Cette mère de famille de 42 ans, en arrêt maladie pour dépression depuis l’été dernier, fustige l’attitude de ses collègues de prison sur des détenus. « Aujourd’hui je parle. Je connais les conséquences. Mais il ne m’est plus possible de rester sans réagir », estime-t-elle auprès de la radio locale.
 
« J’ai été témoin de l’agression d’un détenu »

« J’ai été témoin de l’agression d’un détenu. Trois surveillants sont entrés dans sa cellule et se sont acharnés sur lui », rapporte ainsi Mélanie*. Elle raconte encore avoir eu connaissance de viols subis par un détenu dans sa cellule par son codétenu. Après avoir rapporté les faits à son supérieur, ce dernier ne serait pas intervenu. « J’ai prévenu mon chef de service présent ce jour-là. Je lui ai expliqué. Il m’a dit, mot pour mot : remet le dans sa cellule (…) ». La surveillante raconte alors « être passée au-dessus de sa hiérarchie », en faisant « changer » le détenu de cellule.

La mère de famille explique avoir ainsi payé pour « sa franchise », mais pas seulement. « Mon compagnon est un ancien détenu. L’administration ne l’a jamais toléré. Mes collègues de travail sont tous au courant. Mes supérieurs aussi. Cette information est pourtant strictement confidentielle. Et cette confidentialité n’a pas été respectée », juge-t-elle. « Une enquête a été réalisée par l’administration pour savoir si je l’avais connu en détention et s’il était sous mon autorité. Il y a eu un classement sans suite signifiant que j’avais respecté mon code déontologique », rappelle-t-elle, au passage.

Mélanie raconte avoir toutefois subi une forme de « persécution » de la part de sa hiérarchie (des plannings modifiés à la dernière minute, des charges de travail trop lourdes). Depuis, la surveillante, toujours affectée à Nîmes, a demandé sa mutation à Béziers pour un rapprochement familial. À ce jour, une vingtaine de demandes ont été refusées, déplore-t-elle.